jeudi 9 mai 2013

Mia ou mon ennemie adorée



Mais le printemps a sonné à ma porte...



Le printemps a sonné à ma porte juste à temps, ce fut un hiver rude et long.
Mais mon travail et mes efforts on payés, peu à peu je me retrouve, et les bourgeons réapparaissent...

Il y a quelques semaines...


Il y a quelques semaine la dépressions l'emportait encore, et je ne songeais qu'en noir, remplie de solitude.

mardi 5 février 2013

Illusions


Poème écrit pour mon premier amour...



Pour toi, j'ai fais des concessions
Sans aucune hésitation,
Mes valeurs, je les aient oubliées
Simplement pour te garder.
Mes principes je les aient reniés,
Simplement pour que tu restes à mes côtés.
Je t'ai laissé aller où tu voulais,
Car ta liberté était tout ce qui t'importait ...
Tout ce que tu m'as demandé,
Je te l'ai toujours donné,
Parce qu'à la seule idée d'être quittée,
C'est mon coeur qui se brisait,
Un partie de moi qui s'arrachait ...
Oui, je t'ai retenu
C'était une erreur, je l'ai toujours su,
Car en t'accordant ce que tu souhaitais,
Peu à peu tu t'échappais.
Car en t'accordant ce que tu voulais,
Peu à peu, c'est nous deux que je perdais ...

jeudi 25 octobre 2012

La Sonnerie



Une sonnerie. Et, comme si vous le sentiez, vous vacillez. 
Une intonation, un sanglot. Et ce que vous vous cachiez depuis si longtemps vous frappe avec toute la force déployée pour le nier.
Un mot, une phrase. Et vous observez, paralysé, votre monde s'écrouler. 

Assise, je sens mon corps s'alourdir, mon esprit s'engourdir. Plus rien n'est clair, plus rien n'a de sens. Pourtant ma tête fonctionne à toute allure. Elle n'a même jamais été si vite.
Parce qu'au fond, je sais déjà.
Parce que ce n'est pas ce numéro qui devrait s'afficher. Il ne s'affiche jamais.
"Elle est en soin palliatif".  
Mon esprit rejette cette phrase, il refuse de l'entendre, de la laisser entrer, de semer le doute et la peur en moi. Il veut reprendre le contrôle, il veut, pendant encore quelques secondes, profiter de ce monde, celui dont elle fait partie et qui sera bientôt détruit. 
Alors, comme pour prolonger l'attente, comme pour y croire encore un peu, je m'entends demander:  "Mais elle rentre quand, à la maison ?"  
Peut-être que la réponse ne sera pas la même. Peut-être que j'ai mal entendu. Peut-être que j'ai mal compris. Oui, c'est ça, ça doit être ça. Il le faut. C'est impossible, c'est trop tôt. 
Il est toujours trop tôt.

Ma tête se met à tourner, mon corps tout entier à trembler quand j'entends la réponse. "Jamais. Tu ne comprends pas, elle ne rentrera plus. C'est fini."  
Ma tête ne tourne plus. C'est désormais ce qui m'entoure qui ne cesse de danser. Je suis prise dans un tourbillon, je voudrais l'arrêter, pouvoir penser, mais je ne sais pas comment faire. Je ne sais plus. 
J'ai chaud, mon ventre est douloureux. Mes yeux s'emplissent de larmes. 
Je ne suis pas lucide, pourtant j'essaie d'intégrer ces dernières paroles. De penser à quoi va ressembler mon monde sans elle.
Tout va très vite autour de moi, trop vite. C'est le froid qui m'envahit à présent.
Il faut que je la voit. Avant qu'il soit trop tard, je ne veux pas regretter, rien regretter. Jusqu'au bout. 
J'ai mal au coeur. Il vient d'être tordu, déchiré, piétiné, émietté...
Je me baisse, je me vide. 
Est ce qu'il ira mieux un jour ?

Dans la voiture, je vois les lumières se déformer à cause de mes larmes. Je revois la fillette que j'étais et qui s'en amusait. En voiture, avec elle. Enfant. 
Et mes enfants ? Elle ne les verra jamais, mes enfants. La voilà, ma première vraie pensée, je crois. 
Mais tout est si flou...

J'y ai si souvent été dans cet hôpital. Mais au lieu de prendre ce chemin que je ne connais que trop bien, cette nuit je cherche ce panneau tant redouté. 
Elle est là, enfin, dans cette chambre au fond d'un interminable couloir. Elle ne réagit pas, elle est sous morphine, elle souffrait trop. 
Je pleure, je me reprends: je ne veux pas qu'elle le voit en ouvrant les yeux. Mais s'en rend elle compte ? Se rend elle compte de quoi que ce soit ? Elle est ailleurs. 
J'essaie de plaisanter, comme je sais si bien le faire. Elle sourit. De la couleur des murs, de la décoration. Un rire étouffé sort de sa gorge. 
Elle a soif. Elle veut savoir quand elle va rentrer. C'est en retenant mes larmes que je lui mens.
Elle ne ressemble à rien de ce qu'elle était. Mais elle porte toujours son collier, celui qu'elle ne quittait jamais. Celui que je porte aujourd'hui. 
Je prends sa main, je l'embrasse, je la sens. 
Et c'est tout un tas de souvenirs heureux qui refont surface. Les papouilles qu'elle me faisait fillette pour me réveiller, nos blagues qui ne faisaient rire que nous, ces repas préparés ensemble dans la cuisine. Nos habitudes. Nous.
Assise près d'elle je ne dis plus rien. Je la veille, comme elle l'a si souvent fait pour moi. 
Les derniers mots que je lui ai adressés résonnent aujourd'hui encore dans mes oreilles. Je ne savais pas que c'étaient les derniers. Et pourtant ils sonnaient comme un adieu...
Je n'ai réussis à fermer les yeux cette nuit là qu'au moment où elle a enfin trouvé la paix. Ce n'est pas une coïncidence, je le sais.

Encore une sonnerie. Encore ce numéro. 
Cette fois encore, avant même d'entendre la voix de mon père, je sais déjà.
Que lui répondre, à cet homme qui vient de perdre l'amour de sa vie ? Rien. Aucun mot ne pourra le soulager, l'apaiser, le calmer. Son coeur aussi, est mal en point. 

Dans le train, ce matin là, j'observe les gens autour de moi. 
Ils vont vite, tout va vite, ils rient. Moi aussi je riais, hier. 
Comment peuvent-ils vivre, avancer, s'amuser, s'aimer comme si de rien n'était ? Ne voient-ils pas que mon monde s'est effondré ? Pourquoi leur monde à eux continue t-il de tourner ? N'ont-ils donc aucun respect ? 
Quelqu'un m'a t-il déjà regarder avec ces mêmes pensées ?
J'avance, engourdie, sur cette route que j'ai parcourus mille fois. La maison est déjà lourde de son absence.
Elle est partout. Derrière cette porte, son foulard accroché. Au bout de la table, ses médicaments. Sur la chaise de la cuisine, son gilet. Alors je sens ses affaires, je m'en imprègne, puisque son odeur est tout ce qu'il me reste.
Quoi faire, par où commencer ? 
Il a l'air aussi perdu que moi, je voudrais l'aider. 
Le désespoir se lit il sur mon visage comme il se lit sur le sien ?

Des jours suivant je ne garde que des bribes. Une plaque que l'on choisit soigneusement. Des appels compatissants. Des mails qui se veulent réconfortant. Des mots qui m'échappent aujourd'hui, des mots inutiles puisque personne ne peut comprendre. Je ne vis plus, je suis devenu un automate.
Plus rien n'a d'importance à part ce vide que je sens grandir en moi.
Devant l'église je repense à toutes ces fois où en passant j'observais ceux qui venaient de perdre un être cher. 
C'est mon tour cette fois. Peut-être vont-ils passer et m'observer à leur tour ?
Il y a du monde, tellement de monde. Je redoute ce moment presque autant que je l'attends. Qu'on en ai fini, enfin.
Assise au premier rang, mes yeux ne peuvent se détacher du cercueil. Elle est là, si près et pourtant si loin. De mes yeux embués les larmes ne cessent de couler. Pourquoi elle, pourquoi maintenant, elle ne le méritait pas. 
Mais y a t-il vraiment quelqu'un dont on a dit un jour qu'il le méritait ? 
Ca a été aussi latent que soudain. 
C'est toujours soudain.

Je l'ai nié si longtemps, cette possibilité. Comme une enfant, comme un jeu. Comme si se convaincre qu'elle allait s'en sortir allait tout arranger, la guérir. Juste comme si...
Elle aussi le savait. Elle m'en a parlé, un matin. Elle m'a prise dans ses bras et m'a chuchoté à l'oreille qu'elle avait peur de mourir. Ce matin là me hante encore. 
S'est-elle rendue compte qu'elle mourrait ? A t-elle eu peur ? A t-elle eu des regrets ? 
Elle s'est battue pourtant. Longtemps. Sûrement n'aurais-je pas été si courageuse. 
Sait elle que je suis fière d'elle ? 
Etait elle fière de moi ?
Il y a tellement de questions sans réponses, tellement de doutes, tellement de regret. Tant de choses que j'aurais voulu dire mais qui sonnaient comme des adieux, que j'ai préféré garder pour moi.
Pendant longtemps j'ai tout enfouis en moi, tout enfermé précieusement. 
Toutes ces pensées, tous ces mots, toute cette douleur si immense qu'elle est inimaginable. Et ce vide. C'était tout ce qui me rattachait à elle. 
Si je perdais ça aussi, si j'allais mieux, si seulement je partageais tout cela, ce ne serait plus à moi. Elle ne serait plus à moi. Je la perdrais encore. 
Je l'ai longtemps chéris, ce vide. Je le sentais grandir, prendre de la place en moi. Je le laissais faire, presque heureuse. Elles étaient toujours là: Elle et cette exquise douleur. Notre dernier lien.
Certaines familles se soudent suite à ces événements. La notre s'est dissoute. 
Elle était notre ciment, sans elle nous n'avions plus de raison d'être. 
La mort m'a tout prit, je n'avais plus rien, je la détestait presque autant que je la désirais. 

C'est ce qui a été le plus difficile. Accepter que ce vide ne soit pas notre dernier lien, qu'il ne soit rien. Me rendre compte qu'il me faisait souffrir plus que de raison, qu'il m'empêchait d'avancer, d'être digne d'être sa fille.
Qu'elle sera toujours dans mon coeur même quand il ira mieux. Que ce doit être nos souvenirs, notre lien. Nos partages, nos fous rire, nos discussions, nos confidences, nos disputes. 
Le laisser s'évanouir, continuer à vivre.
Rire de nouveau sans se sentir coupable, sans se dire qu'on ne rira plus ensemble.
Chaque journée, chaque heure est remplie d'infime détails qui me saute aux yeux. Elle ne soufflera plus ses bougies. Elle ne cuisinera plus. Elle ne me prendra plus dans ses bras. Je ne dirais plus jamais maman.
Tant d'objet, tant de mots, tant d'odeurs me rappellent à elle... 
Pourrais je y penser un jour sans pleurer, sans sentir ce creux s'élargir encore un peu ?
On dit souvent qu'il est plus difficile de perdre quelqu'un accidentellement que d'une maladie, parce que c'est soudain, parce qu'on a pas le temps de s'y préparer. 
Je suis sûre du contraire.
La voir s'éteindre petit à petit, voilà le plus dur. 
Observer son corps s'amaigrir, ses habitudes changer, ses forces s'affaiblir. Savoir qu'elle ment, pour ne pas nous inquiéter. La voir se déplacer avec une canne. Puis plus du tout. 
La voir mourir à petit feu. 
Mais le nier, le nier si fort que sa disparition est impensable. Irréelle. Si fort, que cette idée n'a même jamais traversé mon esprit.

Le temps file si vite, les mois s'écoulent, et même les plus compatissants finissent par ne plus compatir. 
Ils ne comprennent plus. Ont-ils jamais vraiment comprit ? 
Il m'a parfois semblé que je ne me remettais pas assez vite, que je gênais, que ma peine prenait trop de place. Comme si le malheur avait une date de péremption. 
J'ai eu le droit à mon lot de paroles réconfortantes et de discours plein de bon sens m'expliquant que je devais aller de l'avant. 
Mais je n'écoutes pas, je ne veux pas écouter. 
Je ne suis pas prête.
Je me laisse glisser dans la vie comme un bateau sur l'eau. Plus rien n'a vraiment d'importance, plus rien ne compte.
Je ne vis plus, je survis. Je vais comme on me pousse. Encore et encore. 
Le temps file si vite, les mois s'écoulent, je ne me rends pas compte, je m'enfonce. 
Ou peut-être que je ne veux pas me relever, c'est tellement plus facile de se laisser porter. 
Pourtant je coule toujours plus. Y a t-il un fond ? 

Je le touche ce soir là, quand il veut partir. Lui, mon homme, mon amour, si présent pourtant... 
Mais je ne suis plus là depuis longtemps déjà, ni pour lui ni pour personne, mon vide m'a dévoré, je ne suis plus rien. 
Je ne le regarde plus, je ne l'écoute plus. Je ne l'aime plus. Je n'en suis plus capable. 
Mais il est mon repère, mon étoile polaire. S'il s'en va, s'il m'abandonne, c'est la fin pour moi aussi. 
Tout ça ne sert plus à rien, je ne sers plus à rien. 

Je le hais d'être là, de me surprendre, d'avoir peur et surtout, surtout, de décrocher ce téléphone. 
C'est dans cet hôpital, que j'ai touché le fond. Je ne veux plus vivre. 
Retrouverais je cette envie un jour ?
Il n'en peut plus, je le coule, je le détruit, c'est la fin. Notre fin. 
On a été heureux pourtant. Mais la vie en a décidé autrement.


Pourtant c'est lui qui me sort de ma torpeur, un soir. Sans le savoir, sans s'en douter, sans le vouloir, lui qui l'a tant voulu. 
Un mot de trop, et c'est un coup qui part. 
Un mot de trop et c'est ma vie qui reprend.